Une Française partage des « scènes de barbarie » lors de son procès accusant son mari d'avoir invité plus de 50 hommes à l'agresser

Une Française partage des « scènes de barbarie » lors de son procès accusant son mari d'avoir invité plus de 50 hommes à l'agresser

Une Française, accusée d'abus de la part de son ex-mari et de plus de 50 autres personnes, a donné son premier témoignage devant le tribunal jeudi.

Gisèle Pélicot, 72 ans, aurait été droguée et violée après que son ex-mari Dominique Pélicot a invité les hommes à participer à ses abus en ligne. Pélicot a également filmé les actes présumés, que la police a finalement utilisés pour l'arrêter ainsi que des dizaines d'autres personnes pour viol aggravé après deux ans d'enquête.

Dominique Pélicot, âgé lui aussi de plus de 70 ans, aurait recruté au moins 72 autres hommes entre 2011 et 2020 pour agresser sa femme. Parmi les suspects, la police a pu retrouver 50 d'entre eux avant le procès.

En septembre 2020, Dominique est apparu sur le radar de la police après avoir été surpris en train de prendre des photos d'entrejambes de femmes dans un supermarché. Les agents ont ensuite découvert sur ses appareils personnels des milliers de photos et de vidéos montrant des agressions aggravées sur la personne de Gisèle.

« C'est insupportable, dit Gisèle. J'ai tellement de choses à dire que je ne sais pas toujours par où commencer. »

Gisèle et Dominique ont été mariés pendant 50 ans jusqu'en 2020, date à laquelle la police a révélé l'ampleur des abus présumés subis. Ils ont trois enfants ensemble.

« Pour moi, tout s'effondre, témoigne Gisèle. Ce sont des scènes de barbarie, de viol. »

Les avocats de Gisèle ont fait valoir qu'elle était tellement droguée par des pilules écrasées qu'elle n'avait aucune idée que les viols présumés avaient lieu depuis près de 10 ans dans sa propre maison. Elle a renoncé à son droit légal à un procès à huis clos dans l'espoir que son témoignage public puisse épargner aux survivants de crimes sexuels similaires.

Une toxicologue appelée à témoigner jeudi a affirmé qu'on lui avait administré un « cocktail » de médicaments pouvant entraîner une perte de connaissance : Temesta, Zolpidem, hypnotiques et anxiolytiques. Gisèle a admis avoir des trous de mémoire pendant les années où les abus présumés se sont produits.

Dominique Pélicot a expliqué à la police qu'il avait imposé certaines règles à la maison aux présumés violeurs, notamment ne pas porter de parfum et se laver soigneusement les mains. De plus, les hommes devaient retirer leurs vêtements avant d'entrer dans leur chambre.

Gisèle Pelicot et son avocat arrivent au tribunal

Selon un expert médical, elle aurait contracté pas moins de quatre infections sexuellement transmissibles au cours de ces abus qui ont duré près de dix ans. Les violeurs présumés ont été contraints par Dominique de ne pas porter de préservatifs, dont l'un serait séropositif. La transmission du VIH n'est pas un délit en France, sauf dans certaines circonstances.

« J'ai été sacrifiée sur l'autel du vice », a témoigné Gisèle Pélicot. « On me regardait comme une poupée de chiffon, comme un sac poubelle. »

Plusieurs des prévenus, âgés de 22 à 70 ans, ont affirmé avoir été manipulés par Dominique Pélicot pour commettre ces sévices. Certains d'entre eux ont dû attendre jusqu'à 90 minutes à proximité pour que Gisèle Pélicot perde connaissance.

Gisèle Pelicot arrive au tribunal

« Ces hommes sont entrés chez moi, ont respecté le protocole imposé. Ils ne m'ont pas violée avec une arme sur la tête. Ils m'ont violée en toute conscience », a témoigné Gisèle. « Pourquoi ne sont-ils pas allés au commissariat ? Même un appel anonyme aurait pu me sauver la vie. »

Le procès, qui a débuté lundi, devrait se poursuivre pendant les quatre prochains mois. S'ils sont reconnus coupables, les accusés risquent jusqu'à 20 ans de prison.

« Il faudra se battre jusqu'au bout », a affirmé Gisèle.

L'Associated Press a contribué à ce rapport.

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