Vladimir Poutine effectuera sa première visite dans un État membre de la CPI depuis l'émission d'un mandat d'arrêt pour enlèvement présumé d'enfant
Le Kremlin a rejeté les inquiétudes concernant le prochain voyage du président russe Vladimir Poutine en Mongolie, qui l'exposerait à un mandat d'arrêt en vertu d'un tribunal pénal.
« Il n'y a pas d'inquiétude, nous avons un dialogue très constructif avec nos amis de Mongolie », a déclaré vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la presse, selon le Moscow Times. Il a ajouté que « tous les aspects de la visite ont été soigneusement préparés ».
L'attention portée au dernier voyage de Poutine découle du fait que la Mongolie est membre de la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis en mars 2023 un mandat d'arrêt contre Poutine pour son implication présumée dans l'enlèvement d'enfants ukrainiens.
Poutine a soigneusement évité de se rendre dans les pays signataires du Statut de Rome, les rendant ainsi soumis à la juridiction de la CPI. La Russie – tout comme d’autres grandes nations comme les États-Unis, la Chine, l’Inde et Israël – ne sont pas signataires et ne relèvent donc pas de la CPI, mais toute visite dans un pays signataire du Statut de Rome exposerait Poutine à une arrestation.
Cette inquiétude est apparue au grand jour lors de son voyage prévu en Afrique du Sud pour assister à une conférence du bloc économique des BRICS : le président sud-africain Cyril Ramaphosa a tenté d'esquiver la question, réitérant la déclaration de la Russie selon laquelle une arrestation équivaudrait à « une déclaration de guerre ».
« Il serait incompatible avec notre Constitution de risquer de s’engager dans une guerre avec la Russie », avait déclaré Ramaphosa à l’époque.
Poutine a finalement décidé de ne pas assister en personne à la conférence des BRICS, envoyant plutôt son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pour y assister à sa place.
Poutine prévoit désormais de se rendre en Mongolie, pays signataire du Statut de Rome, le 3 septembre, à l'invitation du président mongol Ukhnaagiin Khurelsukh, pour célébrer le 85e anniversaire d'une victoire militaire conjointe sur les forces japonaises.
Les deux dirigeants discuteront également du développement de « partenariats stratégiques globaux » et signeront « un certain nombre de documents bilatéraux », selon un communiqué du Kremlin.
L'Ukraine a réagi à la nouvelle de la visite de Poutine en appelant les responsables mongols à respecter leurs engagements envers la CPI et à procéder à l'arrestation de Poutine.
Dans un communiqué, l'Ukraine a qualifié Poutine de criminel de guerre et a souligné que l'enlèvement d'enfants n'est que « l'un des nombreux crimes » commis par Poutine depuis que la Russie a envahi l'Ukraine en février 2022.
« Ces individus sont coupables d'une guerre d'agression contre l'Ukraine, d'atrocités contre le peuple ukrainien », a écrit le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un message sur Telegram.
« Nous appelons les autorités mongoles à exécuter le mandat d'arrêt international obligatoire et à remettre Poutine à la Cour pénale internationale de La Haye », a ajouté le ministère.
L'Associated Press a contribué à ce rapport.